La Radioactivité est-elle Nuisible pour l'Homme ?

II. Les effets biologiques de la radioactivité

 

A. Ionisation des tissus vivants

 

Ce sont les effets observés lorsque des radiations ionisantes entre en contact avec un tissu vivant. En effet, les rayonnements alpha, bêta et gamma constituent un danger pour l’homme du fait que ce sont des rayonnements ionisants.

 

Ainsi, l’ionisation provoquée par un rayonnement en traversant le tissu vivant est susceptible d’entraîner des modifications chimiques. Le rayonnement arrache des électrons aux couches externes des atomes constituant la matière. Ces atomes sont alors transformés en ions chimiquement actifs, pouvant provoquer des modifications de la vie cellulaire.

 

Ces modifications chimiques peuvent toucher diverses molécules comme l’eau, les membranes ou l’acide désoxyribonucléique (ADN). Cette dernière molécule, qui est présente dans le noyau d’une cellule, contient toute l’information génétique propre à un individu, son génome. Sa modification entraîne des modifications au niveau cellulaire puis au niveau de l’organisme. Pour éviter cela, nos cellules réparent en permanence ces modifications induites par la radioactivité dont certaines ressemblent à celles produites normalement par notre métabolisme.

 

Cependant, cette capacité de réparation est limitée et peut être dépassée si la quantité d’énergie absorbée à cause d’un rayonnement en un temps trop court est trop intense. C’est pour cela que la gravité des effets biologiques de la radioactivité dépend du type de radiation (alpha, bêta ou gamma), de la dose absorbée, du temps d’exposition à une source radioactive, de la surface irradiée (localement ou l’organisme entier) mais également de la radiosensibilité des tissus touchés.

 

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B. Au niveau moléculaire: effets des rayonnements ionisants sur l’ADN

 

Les rayonnements ionisants peuvent induire des anomalies chromosomiques. Un chromosome dicentrique est visible en haut à gauche.

 

 

 

Ainsi, on a vu que l’ionisation perturbe les atomes, brise les molécules en leur arrachant des électrons, électrise et échauffe le tissu traversé. Les effets peuvent être temporaires ou permanents et deviennent majeurs si l’irradiation est intense. Les éventuelles conséquences de la radioactivité sont principalement produites par une modification de la molécule d’ADN, c’est pour cela que nous étudierons uniquement les effets sur l’ADN. Cette modification entraîne une modification des chromosomes et on peut alors observer ce que l’on appelle une aberration chromosomique.

 

 

 

L’ADN peut être touché directement ou indirectement par les rayonnements :

 

*      La molécule peut être modifiée par l’ionisation directe d’un rayonnement. Ce mode d’atteinte est l’effet direct de l’ionisation.  L’ionisation d’un atome constituant la molécule d’ADN est à l’origine d’une recombinaison avec un autre atome, modifiant la structure chimique de l’ADN.

*      Le deuxième mécanisme consiste en une ionisation des molécules d’eau (radiolyse de l’eau) et d’oxygène à l’origine de radicaux libres. Ceux-ci entraînent lors de leur recombinaison des modifications structurelles des molécules d’ADN. Ainsi l’ionisation agit par l’intermédiaire de radicaux libres sur la molécule. C’est donc un effet indirect de l’ionisation.

 

Ces deux modes d’atteinte introduisent cependant les mêmes effets. La molécule d’ADN est constituée de deux brins liés entre eux par des bases azotées complémentaires (adénine et thymine, guanine et cytosine) et des liaisons hydrogènes.

Structure de la molécule d’ADN

 

L’ionisation de la molécule d’ADN, que cela soit directement ou indirectement peut entraîner :

*      des ruptures de chaînes : les deux brins s'écartent par la pénétration de molécules d'eau dans la brèche. Les liaisons hydrogènes entre les bases complémentaires sont rompues, provoquant une altération de 2 à 3 nucléotides autour de la lésion alors produite. Les lésions peuvent être simples ou doubles.

*      des lésions des bases nucléiques (surtout la thymine).

*      la formation de liaisons chimiques anormales intra chaînes ou inter chaînes (ADN ou ARN) ou avec une protéine.

*      une distorsion des deux brins d'ADN.

 

Suite à ces lésions, des enzymes spécifiques peuvent réparer la chaîne d’ADN. Cependant, si la dose absorbée d’énergie est trop grande, la réparation ne sera pas complète. Ainsi une lésion de l’ADN peut ensuite engendrer deux situations :

*      Les anomalies de l’ADN peuvent être sans importance pour le codage génétique ou être réparées par les enzymes produites par la cellule. Dans ce cas, l’effet biologique des radiations se limite à l’échelle moléculaire et la cellule reste intacte. Ainsi on n’observera aucun effet des radiations sur l’organisme.

*      Les enzymes ne parviennent pas à réparer correctement la molécule d’ADN, ce qui entraînera plusieurs conséquences au niveau des cellules.

La qualité de la réparation dépend de la nature et du nombre de lésions d’ADN, et de cette qualité dépendra donc la survie de la cellule.

 

Ce qui nous intéresse ici est ce qu’il advient de la cellule lorsque la molécule d’ADN, suite à une exposition à des rayonnements ionisants n’aura pas été réparée correctement.

Suite à une réparation fautive de la molécule d’ADN, on va voir l’apparition de deux situations :

1)     La réparation fautive de la cellule entraîne la mort de celle-ci par une mutation létale (mortelle). On a également mis en évidence un nouveau mécanisme de protection autre que les enzymes codées par des gènes de réparation. La cellule fortement lésée peut provoquer sa propre mort en activant des gènes suicides : c’est la mort programmée ou apoptose. Les effets biologiques de la radioactivité qui découlent de la mort cellulaire sont appelés les effets déterministes.

2)     La réparation fautive de la cellule n’entraîne pas la mort de celle-ci, mais la molécule d’ADN a subi des mutations non-létales, il y a alors modification de la cellule. Ces effets biologiques de la radioactivité sont appelés les effets stochastiques.

 

Schéma résumant les différents mécanismes engendrant les modifications de la cellule après son exposition à un rayonnement ionisant.

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C. Au niveau cellulaire et de l’organisme : effets déterministes et stochastiques

 

 

Les effets biologiques de la radioactivité sont exprimés en Sievert (notation: Sv). Cette unité prend en compte la nature de chaque rayonnement alpha, bêta et gamma (ainsi on pourra comparer leurs effets), de la radiosensibilité des tissus et bien sûr de la dose de rayonnement absorbée.

On a donc vu que la radioactivité entraîne deux types d’effets biologiques :

- les effets déterministes,

- les effets stochastiques.

 

 

 

1.  Les effets déterministes de la radioactivité

Les étapes de la mitose: la période de mitose est beaucoup plus longue que la période d’interphase. La mort de la cellule intervient lors d’une des 4 phases de division cellulaire.

 

Les effets déterministes sont caractérisés par la mort des cellules qui ont été exposées aux rayonnements ionisants. Ils représentent les effets immédiats et obligatoires suite à une exposition brève et intense à une source radioactive. Les conséquences de la mort cellulaire surviennent quand un grand nombre de cellules d’un même tissu sont détruites.

Ils n’apparaissent qu’au-delà d’une dose seuil de 0,3Sv et leur sévérité augmente avec la dose reçue. Ces effets ne sont donc observés qu’à des niveaux de dose élevés.

 

 

La mort de la cellule n’intervient généralement que lors de la mitose (division cellulaire) suivante. Tant que la cellule ne se divise pas, elle reste vivante et peut fonctionner normalement : on parle de mort retardée. Dès que la cellule entre en mitose, le processus de duplication ne peut s’accomplir jusqu’au bout (la mitose comporte 4 phases) et la cellule meurt. La sensibilité de la cellule dépend de facteurs liés à l’irradiation (énergie, débit, fractionnement de la dose), au milieu (oxygène) et à la cellule elle-même. Les cellules sont plus sensibles lorsqu’elles sont en mitose et plus résistantes en interphase (lorsqu’elles ne se divisent pas).

 

 

Pour les effets déterministes, on distingue deux catégories :

*      Les effets produits par une irradiation localisée aiguës,

*      Les effets produits par une irradiation de l’organisme entier.

 

Il faut savoir que l’irradiation localisée est moins grave que l’irradiation généralisée du fait que moins de cellules sont touchées, ainsi alors qu’une irradiation importante de l’organisme entier peut être mortelle, une irradiation localisée n’entraînera jamais la mort.

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a)     Irradiation localisée aiguë

 

Lors d’une irradiation locale, on observe deux types d’effets qui se succèdent dans le temps, des effets immédiats et des effets retardés.

 

*      EFFETS IMMEDIATS

 

Les effets immédiats des radiations localisées se manifestent généralement par la mort des cellules parenchymateuses (cellules du poumon) et par une inflammation de la peau. Ainsi une irradiation de 3Sv de la peau entraîne la formation d’un érythème, qui peut évoluer en desquamation et nécrose lorsque la dose augmente.

Ainsi le premier effet observé chez une personne qui a subi une irradiation intense est une brûlure à l’endroit exposé aux radiations.

Par exemple, Marie Curie manipula à la main de nombreuses fois des pierres radioactives sans aucune protection, et l’on sait qu’elle souffrait d’importantes brûlures aux mains lorsqu’elle mourut.

 

Coupe l’œil : l’irradiation de l’œil entraîne une opacification du cristallin qui peut entraîner une cécité totale ou partielle

*      EFFETS RETARDES

 

Les effets retardés des radiations localisées se manifestent généralement par la mort des cellules de soutien. Au niveau de l’organisme, cela se traduit par une infertilité provisoire à partir de 0.3Sv pour l’homme et 3Sv pour la femme. Cette infertilité devient permanente pour une irradiation de 5Sv pour l’homme et pour une irradiation de 7Sv pour la femme.

Les effets retardés se manifestent également par une fibrose atrophique, c’est-à-dire que les tissus touchés deviennent fibreux et diminuent de volume.

Ainsi, les radiations transforment la peau en une cicatrice fibreuse à l’endroit où elle a été touchée. La fibrose radio-induite (produite par les radiations) peut atteindre tous les organes : la peau, les poumons…

L’irradiation de l’œil peut entraîner le développement d’une cataracte à partir de 10Sv. La probabilité d’apparition, le temps d’apparition et l’intensité de la réaction dépendent de la dose reçue. L’opacification du cristallin se développe une à plusieurs années après l’exposition : plus la dose est grande, plus la réponse est rapide.

 

Ci-dessous, un schéma résumant les effets d’une exposition localisée aiguë en fonction de la dose reçue.

 

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b)      Irradiation de l’organisme entier

 

Lorsqu’un organisme vivant est irradié à une dose élevée pendant un temps court, on observe ensuite une suite de symptômes dont la séquence et l’intensité dépend de la dose reçue et qui est connu sous le nom de syndrome d’irradiation aiguë. Ce syndrome ne survient que lorsque l’irradiation est très intense et est le plus dangereux.

Sur les 238 sauveteurs qui sont intervenus à l’accident de Tchernobyl, ayant reçu une dose de 0,8 à 16Sv, on a observé des symptômes d’irradiation aiguë et 31 intervenants en sont morts en quelques jours. Pour les autres sauveteurs, on a aujourd’hui peu d’informations sur leur état de santé.

Sur les 600000 liquidateurs (personnes chargées de l’assainissement dans un rayon de 30km autour de Tchernobyl), 10% ont reçu des doses supérieures à 0,25Sv et 1Sv; aujourd’hui sur un groupe suivi de 140000 personnes, aucune surmortalité n’a été enregistrée mais un vieillissement accéléré de l’organisme et une nette augmentation des maladies cardio-vasculaires, digestives, bronchites chroniques ainsi que des désordres neuropsychiques sont constatés.

 

On observe trois phases dans ce syndrome d’irradiation aiguë:

 

 

1ère PHASE : Prodrome

 

Phase caractérisée par

Causes au niveau cellulaire

Phase observée dès

Malaises, vomissements, nausées, diarrhée, anorexie, grande fatigue.

L’atteinte des cellules formatrices des cellules du sang conduit à la destruction des globules blancs et rouges et des plaquettes.

*   Variation de la formule sanguine

1Sv

 

Cependant la variation du sang peut survenir dès que la dose reçue atteint la dose seuil des effets déterministes, c’est-à-dire 0,3Sv.

 

 

2ème PHASE : Phase latente

 

On observe pendant cette phase une régression ou une disparition des symptômes.

3ème PHASE : Les trois syndromes

 

Dans cette troisième phase, les signes cliniques réapparaissent, sous forme de syndrome. On distingue trois grands syndromes : le syndrome hématopoïétique, le syndrome gastro-intestinal et le syndrome neurovasculaire. De ces trois syndromes dépendront les variations de la phase prodromale et la durée de la phase latente. Ces syndromes n’apparaissent pas forcément tous à la suite d’une irradiation importante de l’organisme entier. Ils apparaissent selon la dose reçue.

Néanmoins le syndrome gastro-intestinal est toujours précédé du syndrome hématopoïétique.

Pour le syndrome neurovasculaire, dans le cas de doses massives, les autres syndromes n’auront pas le temps de se développer.

 

 

Syndrome hématopoïétique

Syndrome

gastro-intestinal

Syndrome neurovasculaire

Syndrome observé dès

2Sv

8Sv

15Sv

Cause de ce syndrome au niveau cellulaire

*   Aplasie médullaire:

Diminution significative des cellules du sang circulant qui tend vers une destruction totale de ces cellules.

Destruction des cellules de l’intestin et donc de la muqueuse intestinale.

Destruction des endothéliums vasculaires ce qui entraine une augmentation de la perméabilité capillaire produisant une fuite des liquides dans l’espace cellulaire.

Effet à l’échelle de l’organisme

Epuisement de l’organisme jusqu’à la mort. (si aucun traitement n’est suivi)

Troubles intestinaux très graves, risque de perforation intestinale et donc d’hémorragie interne, la survie dépend de la dose reçue et du traitement suivi).

Tremblements, convulsions, œdème cérébral, choc cardiovasculaire, coma et mort.

Mortalité

A 4,5Sv : 50% en quelques mois

95% en quelques semaines

100% en quelques jours

Caractéristiques du prodrome

Normales

Normales + crampes intestinales

Normales + sensation de chaleur, confusion, désorientation

Durée de la phase latente

Normale

Plus courte que la normale

Très courte (4-6 heures)

 

 

Ci-dessous, un schéma résumant les effets d’une exposition de l’organisme entier à des irradiations en fonction de la dose reçue.

 

Voici donc les effets produits par la radioactivité sur l’organisme lorsque le rayonnement ionisant entraîne la mort cellulaire. La partie suivante est consacrée aux effets de la radioactivité lorsque le rayonnement ionisant ne tue pas la cellule mais la fait muter.

 

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2.     Effets stochastiques de la radioactivité

 

Les effets stochastiques, provoqués par une mutation non-létale de l’ADN,  sont caractérisés par la mutation des cellules touchées. L’apparition de tels effets n’a pas de dose seuil d’apparition, contrairement aux effets déterministes. Ils apparaissent à de très faibles doses. Les conséquences d’une irradiation à faible dose sont insidieuses car elles n’apparaissent que plusieurs années à dizaines d’années après l’exposition.

Contrairement aux effets déterministes, la gravité des effets stochastiques n’est pas fonction de la dose reçue lors de l’exposition, seule la probabilité d’apparition en dépend.

 

Les conséquences des mutations de l’ADN conduisent le plus souvent au développement d’un cancer, et peuvent éventuellement avoir des conséquences héréditaires. Les irradiations à faible dose peuvent aussi avoir des conséquences très graves chez un embryon ou un fœtus.

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a)     Développement d’un cancer

 

*      COMMENT EVALUER LE RISQUE D’APPARITION D’UN CANCER EN FONCTION DE LA DOSE RECUE ?

 

Un cancer dû à une irradiation ne se développe que chez un petit nombre de personnes dans une population irradiée. Ils ont été observés chez l’homme pour des expositions sur le lieu du travail (radiologues, mineurs des mines d’uranium…) et chez les survivants d’Hiroshima, de Nagasaki et de Tchernobyl.

 

Ainsi, pour pouvoir établir un lien entre la dose et la fréquence d’apparition d’un cancer à la suite d’une irradiation faible, les scientifiques utilisent l’épidémiologie et l’expérimentation:

*      L’épidémiologie consiste à observer les effets sur des populations qui ont subi des irradiations d’origine naturelle ou artificielle (populations d’Hiroshima et Nagasaki, premiers radiologues et travailleurs dans les mines d’uranium).

*      Grâce à l’expérimentation, les chercheurs observent les dégâts et perturbations engendrés par les rayonnements ionisants sur l’ADN.

 

Ainsi, grâce à l’épidémiologie et à l’expérimentation, les scientifiques tentent d’évaluer les risques d’apparition de cancer pour une population exposée. Cependant, l’évaluation de l’apparition de cancer pour des doses trop faibles (inférieures à 0,2Sv) est impossible et reste au stade de l’hypothèse. Mais, même si l’irradiation est très faible, il ne faut pas oublier que chaque irradiation comporte un risque, quelque soit la dose reçue.

 

Fréquence d’apparition d’effets stochastiques (cancer) en fonction de la dose reçue

 

Pour une population exposée, le risque d’apparition de cancer est le plus important pour les cancers de la moelle osseuse (leucémie), de la thyroïde, du sein et des os. Les enfants sont plus sensibles aux cancers radio-induits, car d’après la loi de 1906 de Bergonie et de Tribondeau, «les cellules sont d’autant plus radio-sensibles que leur rythme de multiplication est le plus grand, qu’elles sont plus jeunes, qu’elles sont plus indifférenciés (moins développées)».

En effet, la population avoisinant Tchernobyl, c’est-à-dire plusieurs centaines de milliers de personnes ont reçu une dose moyenne de 0,1 à 0,5Sv. Ce sont des doses faibles, on a donc observé le développement d’effets stochastiques: une très forte augmentation des cancers de la thyroïde (1800) chez les enfants contaminés avant l’âge de 17 ans (voir loi de 1906 énoncée ci-dessus). Pour les autres types de cancers, il faudra attendre plusieurs années pour les voir éventuellement apparaître.

 

 

*      COMMENT UN CANCER DÛ A UNE IRRADIATION FAIBLE APPARAÎT-IL ?

 

L’événement initiateur du cancer se produit au niveau de l’ADN. On a donc vu que l’ionisation de la molécule d’ADN produit des lésions. Si ces lésions ont échappé au mécanisme de survie que sont les enzymes ou à l’apoptose (terme vu précédemment: mort programmée de la cellule), elles conduisent à une mutation irréversible qui est fixée dans le génome, après la division de la cellule touchée.

Cela constitue la première étape conduisant à l’apparition du cancer.

Mais cette  étape seule n’est pas suffisante pour entraîner le développement d’un cancer. D’autres facteurs (génétiques et environnementaux) favorisent la multiplication des cellules mutées et l’acquisition de nouvelles mutations menant au cancer. Le grand nombre d’étapes menant à l’apparition du cancer explique le délai entre l’exposition à une irradiation faible et le développement du cancer.

 

La capacité de division de la cellule dépend de sa propre fonction et de la nature du tissu. Plus une cellule irradiée se divise rapidement, plus le cancer apparaîtra rapidement.

*      Développement d’une leucémie

 

Le tissu à l’origine des cellules sanguines est constitué de cellules qui se multiplient très rapidement. Une cellule mutée mènera rapidement par division à la formation d’une population de cellules mutées identiques. L’ensemble de ces cellules mutées constituera alors un clone du tissu à l’origine des cellules sanguines.

Les leucémies apparaissent parfois assez tôt, dès deux ans après l’irradiation.

 

*      Développement d’un cancer du poumon

 

Les cellules du poumon se renouvellent peu et lentement. Une cellule mutée ne se développera pas dans des conditions normales. Si la mortalité cellulaire est forte, des mécanismes de compensation commandent la multiplication des cellules restant, qu’elles soient intactes ou mutées, ce qui augmente la probabilité d’obtenir un clone. Ainsi c’est une mortalité des cellules du poumon forte qui entrainera une division cellulaire et donc favorisera le développement d’un cancer du poumon par multiplication des cellules mutées par irradiation.

Ainsi la mortalité cellulaire peut provenir d’une irradiation mais d’autres facteurs environnementaux, dont le plus important est le tabac, conduisent à une destruction cellulaire et favorisent de ce fait l’émergence de clone et donc de cancer.

L’intervention de plusieurs facteurs produit un délai important entre l’irradiation des cellules du poumon et l’apparition d’un cancer du poumon. Ainsi ce cancer peut apparaître plus de dix ans après l’irradiation.

 

*      Développement d’un cancer thyroïdien

 

La fonction thyroïdienne, importante à tout âge, est encore plus sollicitée chez l’enfant que chez l’adulte, puisqu’elle joue un grand rôle dans le développement de l’organisme. Les glandes thyroïdes agissent par l’intermédiaire d’hormones. La synthèse de ces hormones dépend de l’apport en iode minéral. Ainsi, l’incorporation d’iode radioactif chez l’enfant conduit à une plus grande probabilité de former des clones mutés.

Que l’irradiation soit interne ou externe, un excès de cancers thyroïdiens est observé chez l’enfant. Dans des conditions telles que celles de l’accident de Tchernobyl en Ukraine, un excès de cancers thyroïdiens est noté chez l’enfant.

Le radium était autrefois utilisé dans la peinture pour la rendre lumineuse, fluorescente, comme sur cette horloge

 

*      Développement d’un cancer osseux

 

Les lésions induites par l’incorporation de radium (substance très radioactive) donnent essentiellement suite à des cancers osseux. Dans les années 1930, parmi les peintres de cadrans lumineux, qui utilisaient une peinture dans laquelle se trouvait du radium 226, une augmentation des cancers osseux ont été constatés.

 

 

 

 

 

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B)     Effets des irradiations faibles chez un foetus et un embryon

 

L’effet des radiations sur l’embryon et le fœtus dépend du stade de développement.

En effet, d’après la loi de Bergonie et Tribondeau, les cellules sont d’autant plus sensibles aux irradiations qu’elles sont plus jeunes et qu’elles sont le moins développées. Ainsi plus l’embryon sera jeune, plus l’irradiation aura un effet néfaste sur lui.

Chez la femme, l’œuf fécondé est très sensible aux radiations avant le 9ème jour. Une exposition pendant cette période peut entraîner la perte de l’œuf qui passe cependant le plus souvent inaperçue. Pendant la phase de développement de l’embryon, la mort ou la mutation d’une cellule peut entraîner un défaut dans l’organogenèse (différenciation puis développement des organes) et être à l’origine de malformations. Le tissu nerveux est très sensible aux radiations pendant la période de développement du système nerveux (8ème à 16ème semaine). Des malformations ou des retards mentaux peuvent résulter de l’irradiation de l’embryon pendant cette période (Hiroshima).

Ces effets sur l’embryon expliquent les mesures législatives particulières concernant les femmes enceintes exposées pendant leur travail.

 

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C)    Effet héréditaire des irradiations faibles

 

Les effets héréditaires, qu’elle qu’en soit l’origine, sont dus à une mutation dans une cellule reproductrice, ovule chez la femme, spermatozoïde chez l’homme, suivie de la formation d’un œuf fécondé donnant naissance à un enfant porteur de la mutation.

*      Une cellule mutée a une faible probabilité d’être fécondée.

*      La survie de l’embryon est soumise à une forte sélection

La combinaison de ces deux systèmes de protection fait qu’un excès d’effets héréditaires radio-induits n’a jamais été constaté, même dans les populations qui ont montré un excès de cancers comme chez les survivants des bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki au Japon.

 Bilan

 

La radioactivité a de nombreux effets néfastes sur la santé des hommes. Qu’elle soit faible ou élevée, le risque que la personne exposée subisse les conséquences relatives à une irradiation est toujours présent.

Les scientifiques ont divisé ces conséquences en deux groupes:

*   Le premier regroupe les effets d’une irradiation supérieure à 0,3Sv survenant obligatoirement après une exposition. Ces effets seront fonction de la dose reçue. Ce sont les plus dangereux lorsque le corps entier a été exposé car ils entraînent inévitablement la mort de la personne lorsque celle-ci a été exposée à une dose de plus de 15Sv. Ce sont les effets déterministes

*   Le deuxième regroupe les effets d’une irradiation faible. Ici, seule la fréquence d’apparition de l’effet dépendra de la dose reçue. Ils sont dit aléatoires car ils ne surviennent souvent que plusieurs années à dizaines d’années après l’exposition et sont le plus souvent caractérisé par l’apparition de cancers. Bien que ces effets ne soient pas directement mortels, ils diminuent considérablement l’espérance de vie des personnes touchées et peut affecter gravement un embryon. Ce sont les effets stochastiques.

 

Ainsi on peut en conclure que la radioactivité peut être gravement nuisible pour l’homme, une irradiation ayant presque inévitablement des conséquences sur la personne irradiée que ce soit des effets stochastiques ou déterministes.

Cependant la radioactivité est présente partout et elle trouve des applications dans de nombreux domaines aujourd’hui, notamment dans le domaine médical, si contradictoire que cela puisse paraître. La radioactivité peut donc également servir positivement aux hommes.

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Réalisation de Sandrine AYRAL, Julien HOBEIKA et Maxim PIERRE de 1S1 du lycée Sainte Marie à Antony

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